16 janvier 1960 : attaque de la mission catholique de Banka-Bafang par l’Armée de Libération Nationale Kamerunaise

Peu de camerounais le savent mais, la journée du samedi 16 janvier 1960 fait partie des nombreuses pages noires de l’histoire de notre pays, en particulier pour l’église catholique. En effet, la mission catholique de la localité de Banka-Bafang, en pays bamiléké, sera le théâtre d’un véritable carnage ce jour-là.

Dans son ouvrage 1960 : faits marquants au Cameroun. Les premiers pas de l’indépendance, l’historien camerounais Enoh Meyomesse relate dans le détail, le déroulement de cette journée sanglante. Morceaux choisis :

« …Depuis plusieurs jours, l’atmosphère était lourde à Bafang. Les parents retiraient leurs enfants de l’école. Des bruits couraient qu’il se passerait quelque chose avant la fin du mois. Dans la nuit, la mission catholique de Banka-Bafang, la plus importante mission du pays bamiléké, était l’objet d’une attaque sans précédent de la part des bandes terroristes (…) » «

« 11h45 … A 500 mètres de la mission, plusieurs barrages sont installés en vue de couper la circulation et d’isoler la mission du poste militaire situé à environ 2 km 500 …»

« A l’hôpital Ad-Lucem…, le signal de l’attaque est donné : les terroristes se ruent sur les portes et fenêtres qu’ils défoncent partout en même temps … saccagent tout le matériel de chirurgie … emportent les vêtements des malades, une soixantaine d’hospitalisés dont quelques malades opérés la veille. Des hurlements cadencés scandent les coups de machette. (…) Une bande se dirige vers la maternité, arrache les vêtements de la sœur de garde, sœur Marie- Noëlle, religieuse camerounaise, et lui ordonnent de les suivre en brousse. La sœur résiste courageusement : mieux vaut me tuer. Mains liées, elle est frappée brutalement et laissée pour morte… »

« A la maison des pères… Un terroriste sort, salué par de grandes acclamations : il tient à la main, la tête sanglante du père Gilles Héberlé, supérieur de la mission. Le frère Sarron, qui n’a pu s’enfuir à temps, est suivi en brousse et décapité aussitôt…»

Ces exactions seront ainsi menées une bonne partie de la nuit jusqu’à l’arrivée tardive des forces de l’ordre qui avaient été retardés par les nombreux obstacles déposés par les terroristes sur leur trajet.

Source:

– Meyomesse, Enoh. 1960 : faits marquants au Cameroun. Les premiers pas de l’indépendance. Editions du Kamerun. Pages 23-28.