14 janvier 1960 : carnage à Douala

S’il est un point sur lequel tous les camerounais s’accordent, c’est que la ville de Douala a toujours été rebelle. Une rébellion qui ne date pas du début des années 1990 avec l’opération « villes mortes » mais, depuis bien longtemps.

Fief de nombreux partis d’opposition, la ville de Douala s’est tout particulièrement illustrée depuis les guerres d’indépendance et même au-delà. Malgré l’accession du Cameroun à une indépendance de façade le 1er janvier 1960, nombreux sont les camerounais qui ne tolèrent pas la présence d’occidentaux sur leur territoire et les prennent régulièrement à partie comme cela a été le cas, ce jeudi 14 janvier 1960.

En effet, comme l’affirme l’historien Enoh Meyomesse, dans son ouvrage 1960 : faits marquants au Cameroun. Les premiers pas de l’indépendance cette nuit-là,: « …une cinquantaine de bandits armés de couteaux, de matraques et de machettes, se répandent au centre de Douala. Ils se rassemblent au quartier Yabassi, puis se dirigent vers le bar « La Frégate », fréquenté, uniquement, par les Européens, y pénètrent, et coupent les jambes d’un aviateur. Celui-ci meurt après. C’est le sauve-qui peut général. Les Blancs prennent leurs jambes à leurs cous et disparaissent aussitôt. La bande remonte l’avenue du 27 août 1940, pénètrent dans la salle de cinéma Les Portiques. Dans le noir, les spectateurs se défendent à coups de chaises. Puis, les émeutiers attaquent un commissariat de police, tuent et dépècent un garde camerounais en chantant l’hymne national : O Kamerun berceau de nos ancêtres/ autrefois tu vécus dans la barbarie / comme un soleil tu commences à paraître / peu à peu tu sors de ta sauvagerie ». 

Vue générale de la ville de Douala en 1960 Source: https://c1.staticflickr.com/9/8141/7650307532_f74af9eccb_n.jpg
Vue générale de la ville de Douala en 1960
Source: https://c1.staticflickr.com/9/8141/7650307532_f74af9eccb_n.jpg

Impossible de savoir avec exactitude quel a été le bilan de cette série d’attaques perpétrée par les rebelles de l’Armée de Libération Nationale Kamerunaise (ALNK). Mais, vu le mode opératoire de ces rebelles, nul doute qu’il aura été très lourd, tant du côté des européens que des camerounais.

Source:

– Meyomesse, Enoh. 1960 : faits marquants au Cameroun. Les premiers pas de l’indépendance. Editions du Kamerun. PP. 15 et 16.